Comment dissoudre sa société sans liquidation ? Guide complet LegalVision

En principe, lorsque l’on parle de la dissolution d’une entreprise, le terme renvoie généralement à une image particulièrement négative. Cette réputation s’explique par le fait que généralement, la dissolution d’une entreprise entraîne sa liquidation. La liquidation a pour but de répartir le capital restant dans la société entre ses créanciers et ses associés. Or, celle ci est souvent un processus long et coûteux. Ainsi, il est préférable de procéder à la dissolution d’une société sans liquidation. Heureusement, la loi Française prévoit différents mécanismes qui permettra de réaliser cela. Pour pouvoir effectuer la dissolution d’une société sans liquidation, il faudra donc que son patrimoine soit repris par une autre. Cela est le cas lorsqu’une Transmission Universelle de Patrimoine intervient, ou plus généralement durant un processus de fusion de deux sociétés. Ainsi, il existe plusieurs moyens de procéder à la dissolution d’une liquidation sans liquidation. Afin de vous assister dans cette démarche : Legalvision vous explique les différents moyens de procéder à la vôtre.

Sommaire :

La dissolution d’une société sans liquidation par Transmission Universelle de Patrimoine
La dissolution d’une société sans dissolution via le mécanisme de fusion de société

 

 

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La dissolution d’une société sans liquidation par Transmission Universelle de Patrimoine

Définition de la transmission universelle de patrimoine

La transmission Universelle de Patrimoine ou TUP est une opération qui, comme son nom l’indique, va permettre de transférer l’intégralité du patrimoine d’une société envers une autre. Cette transmission va entraîner de manière indirecte la dissolution d’une société sans liquidation. La TUP peut également être qualifiée de fusion-confusion ou de confusion de patrimoine. La transmission universelle de patrimoine intervient quand l’associé unique personne morale décide de mettre un terme à l’activité de la société dont elle détient les titres. Ce mécanisme n’est donc possible que lorsque la société est détenue à 100 % par une autre personne morale. La société mère va alors dissoudre la société sans liquidation. Le patrimoine de la société sera alors transmis intégralement à l’associé unique personne morale. Cela inclut donc l’ensemble des biens et droits de l’entreprise mais également ses cautions, dettes et créances. L’intégralité de ses biens et dettes, viendront alors se confondre dans le patrimoine de cette personne morale. Il est donc très important de bien connaître le patrimoine de la société reprise. Si cette prudence est également souhaitable pour les autres processus de fusion, elle est particulièrement importante en cas de TUP. En effet, lors d’une TUP, il n’y aura pas de commissaire aux comptes et de rapport de fusion qui aideront à la réalisation de cette tâche.

 

La procédure de la Transmission Universelle de Patrimoine

Dans un premier temps l’associé unique personne morale de la société devra procéder à la dissolution de la société. Pour cela l’associé unique de la société absorbée devra convoquer une Assemblée Générale Extraordinaire. Toutefois, il ne sera pas nécessaire de procéder à une AGE dans la société absorbante. En effet, puisque la TUP n’est réalisable que par les personnes morales possédant 100 % des droits sociaux d’une autre société, il n’est pas nécessaire de procéder à une augmentation de capital. Vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet ? N’hésitez pas à consulter notre article dédié spécifiquement aux assemblées générales. Une fois la décision de dissolution prise, la société devra alors rédiger le PV de cette Assemblée et l’enregistrer auprès du service des impôts. Cet enregistrement s’accompagnera du paiement d’un droit fixe. Le coût de ce droit sera alors de 375 euros pour les sociétés dont le capital est inférieur à 225 000 euros et de 500 euros pour les autres. Par la suite l’entreprise devra alors procéder à la publication de la décision de dissolution dans un journal d’annonces légales. Cette publication rendra alors la décision opposable aux tiers. L’associé devra également envoyer son dossier au greffe du tribunal de commerce afin de procéder à l’enregistrement de la dissolution au RCS. Enfin, l’associé devra réaliser une déclaration de radiation de la société auprès du RCS. Cette déclaration devra être effectuée dans un délai d’un mois à compter de la TUP. Cela entraînera la disparition de la personnalité morale de la société dissoute. Cette déclaration devra être faite au moyen d’un formulaire cerfa M4. À la fin de toutes ces opérations, la dissolution d’une société sans liquidation aura été accomplie. La filiale dissoute n’aura alors aucune existence juridique et sa personnalité morale disparaîtra alors.

 

Traitement comptable et fiscale de la TUP

L’écriture comptable de la TUP

Dans le cadre d’une TUP, le patrimoine de la société dissoute est retranscrit dans le patrimoine de l’associé unique à sa valeur comptable. L’écriture comptable doit alors être effectuée le jour où s’achève le délai d’opposition des créanciers, c’est-à-dire 30 jours après la publication de l’annonce légale de dissolution.

 

Les avantages fiscaux de la TUP

Lorsque la société absorbée est soumise à l’impôt sur les sociétés, la TUP permettra de bénéficier d’un certain nombre d’avantages fiscaux. En effet, les fusions sont en principe soumises à un certain nombre d’impositions dont notamment une imposition des plus-values dégagées par l’opération et des bénéfices non distribués. Or, la TUP va permettre d’éviter cette imposition. La loi impose toutefois certaines conditions à remplir pour pouvoir bénéficier de ce régime de faveur. En effet il faudra que les sociétés parties à la TUP soient soumises à l’impôt sur les sociétés et que cette dernière ait repris l’intégralité du passif dont l’imposition est différée. Ce mécanisme permet donc de faciliter la démarche de dissolution sans liquidation d’une société. En effet, si on la compare aux autres processus de fusion, la TUP permet d’éviter de nombreuses démarches obligatoires. Parallèlement, la TUP est souvent le moyen le moins coûteux de réaliser la dissolution d’une société sans dissolution. En effet, certaines obligations imposées aux fusions acquisitions ne sont pas applicables à la TUP. On peut notamment penser au recours à un liquidateur, à la rédaction d’un rapport de fusion, et à la nomination d’un commissaire aux comptes. Si vous cherchez plus d’informations sur ce type de fusion, notre article dédié spécifiquement à la TUP n’attend que vous.

 

La dissolution d’une société sans dissolution via le mécanisme de fusion

En réalité, la TUP n’est qu’un moyen d’effectuer une fusion-absorption particulièrement rapidement. Mais parfois les conditions de la TUP ne sont pas toutes remplies. Il conviendra alors de trouver un autre moyen de procéder à la dissolution d’une société sans liquidation. S’il est souvent préférable de procéder à une fusion simplifiée il sera parfois nécessaire d’utiliser le mécanisme de fusion acquisition plus traditionnelle.

 

La dissolution d’une société sans dissolution par fusion simplifiée

Définition de la fusion simplifiée

Avec la TUP, le mécanisme de fusion simplifiée est sans doute le moyen le plus simple de procéder à la dissolution d’une société sans liquidation. La fusion simplifiée est possible pour toutes les entreprises possédant 100 % d’une société quelle que soit sa forme ou seulement 90 % d’une SA.

 

La procédure de fusion simplifiée

La fusion simplifiée ne nécessite pas la réunion d’une Assemblée Générale Extraordinaire des associés d’aucune des sociétés si la filiale est détenue à 100 %. Si la filiale est détenue uniquement à 90 %, il faudra alors réunir une AGE de la société absorbée mais pas celle de la société absorbante. Toutefois, cette simplification de la procédure n’est pas systématique. En effet, si un ou plusieurs associés de la société absorbante réunissant au moins 5 % du capital social demandent la convocation d’une AGE , cette dernière devra se tenir afin d’approuver ou non la fusion. Tout comme avec la procédure de TUP, la nomination d’un commissaire à la fusion et celle d’un commissaire aux apports n’est pas nécessaire. Dans le cas d’une fusion simplifiée visant une filiale détenue à 90 %, cette dispense est conditionnée. Il faudra alors que la société absorbante ait proposé aux associés minoritaires, le rachat de leurs titres avant la réalisation de la fusion. Pour procéder à la fusion de deux sociétés, il faudra tout d’abord organiser la consultation des comités d’entreprises des deux sociétés. Cela est d’ailleurs également le cas lors d’une fusion-absorption. Par la suite, un projet de fusion devra être rédigé. Ce projet devra être signé par les dirigeants de chacune des sociétés parties à la fusion.

Le projet de fusion devra alors être publié au BODACC. À partir de cette publication, les créanciers auront 30 jours pour s’opposer à cette fusion. Pour cela, ils devront prouver que le recouvrement de leur créance est mis en danger par la fusion.

Deux exemplaires de ce projet devront également être déposés au greffe. Ce dépôt devra être effectué un mois avant la date de prise d’effet de la fusion.

 

Date d’effet de la fusion

Contrairement à la TUP, la fusion simplifiée devient effective à la date prévue dans le traité de fusion. Il est donc possible de prévoir dans le projet de fusion une date d’effectivité de la fusion spécifique. Cela pourra permettre à la société de retarder la mise en oeuvre de cette fusion. Les sociétés pourront alors avancer ou reculer la date d’effectivité de la fusion. Toutefois, cette modulation est limitée à l’exercice social.

 

Traitement fiscal de la fusion simplifiée

Enfin, la fusion simplifiée bénéficie des mêmes avantages fiscaux que la TUP à condition de remplir les mêmes conditions. Elle permet également d’être exonéré de la taxe de publicité foncière pour la transmission de biens immobiliers. Un projet de fusion simplifiée peut donc être préférable à une TUP si la société mère souhaite procéder à la dissolution sans liquidation d’une société possédant un grand nombre de biens immobiliers. Intéressé par ce mode de fusion ? notre article dédié uniquement à la fusion simplifiée n’attend que vous.

 

La fusion-absorption de société

En l’absence de fusion simplifiée et de TUP, une fusion-absorption de la société reste réalisable. C’est notamment le cas lorsque l’entreprise possède une majorité du capital de la société sans toutefois attendre le seuil de 90 ou 100% de détention. En pratique, si cette option est choisie, la dissolution d’une société sans liquidation durera plusieurs mois. Il peut donc être plus intéressant de racheter l’intégralité des parts d’une société pour ensuite effectuer une fusion simplifiée plutôt que de procéder directement à une fusion-absorption. Avant de procéder à la fusion de sociétés, il sera nécessaire de réaliser un ensemble d’étapes non incluses dans les autres procédures. Il faudra donc faire un audit. Mais surtout, il sera nécessaire de nommer un commissaire à la fusion, et un commissaire aux apports. Ce dernier devra rédiger un rapport qu’il remettra aux associés 30 jours avant les AG. Parallèlement le projet de fusion devra également être publié au BODACC comme en cas de fusion simplifiée. Les créanciers auront également un délai d’opposition similaire. Il faudra ici convoquer une assemblée générale dans les deux sociétés parties à la fusion.

30 jours après les AGE, les procès-verbaux approuvant la fusion doivent être remis à l’administration fiscale. Ils doivent ensuite être publiés dans un journal d’annonces légales.Enfin tous les documents relatifs à la fusion devront également avoir été déposés auprès du greffe du Tribunal de Commerce.

 

En résumé :

Pour réaliser la dissolution d’une société sans liquidation l’entreprise dispose de trois solutions :

  • La Transmission Universelle de Patrimoine. Elle est globalement la procédure la plus rapide et la moins coûteuse.
  • La fusion simplifiée, quant à elle, permet de moduler la date d’effet de la fusion. Elle permet également d’être exonéré de taxe de publicité foncière .
  • La fusion-absorption est un moyen long et coûteux de procéder à la dissolution d’une société sans liquidation. Elle reste toutefois la seule solution possible pour les entreprises ne possédant pas 90 ou 100 % du capital de leur filiale.

Enfin, avant de procéder à la dissolution d’une société sans liquidation, la société devra se demander de combien de temps elle dispose et quels sont les avantages qu’elle recherche. Vous voulez accomplir un acte de dissolution d’une société sans liquidation ? Nos juristes sont là pour vous aider !

Sources :

Articles :

 
 
 
 

16 commentaires

  1. Bonjour
    Je travaille dans une société et depuis le 17.01.2019 est radiée de rcs.
    La dissolution d’une société sans liquidation par Transmission Universelle de Patrimoine.
    Mais ce que je comprend pas que jusqu’à ce moment je reçois toujours le virement de mon salaire au nom de l’ancien société qui était radiee es ce que sa est normal ?
    Je voudrais demander le responsable mais je sais qu’il voudra pas entendre ses questions là parceque je sais que Ya qlq choses qui est pa normal.
    Cordialement

    1. Bonjour,
      Tout d’abord la radiation n’impacte pas l’existence légale de l’entreprise et encore moins la créance d’une entreprise envers ses salariés.
      Par ailleurs, lors d’une transmission universelle de patrimoine l’article du code de Travail L.1224–1 prévoit le transfert de l’ensemble des contrats de travail au nouvel exploitant. Le texte de base permet d’effectuer ce transfert automatiquement et sans besoin de leur accord. Cela ne dépend ni des salariés, ni des deux sociétés. Votre contrat de travail a donc été transféré au nouvel exploitant.
      Dans votre cas il se peut que le nom de l’ancienne société perdure par une simple erreur d’inadvertance, prenez contact avec votre nouvel employeur pour régler ce problème d’ordre purement administratif.
      En espérant avoir pu vous être utile.

      Bien à vous.

  2. Bonjour,
    je suis étudiante et je voulais savoir si lorsqu’on dit qu’une entreprise a une créance envers quelqu’un est-ce que ça signifie qu’elle a une dette envers cette personne ou bien au contraire que l’individu a une dette envers l’entreprise.

    Merci d’avance

    1. Bonjour,

      Une même somme d’argent peut à la fois être qualifiée de dette et de créance selon que l’on se place du coté du débiteur (celui qui doit la dette) ou du créancier (celui à qui la dette est due). Ainsi, si A a une créance envers B, alors B a une dette envers A.

      Bien à vous.

  3. Bonjour,
    Une société mère détient 100% des titres de la fille.
    Par soucis pratique, les dirigeants souhaiteraient faire une fusion à l’envers. Doit on obligatoirement passer par la fusion-absorption classique
    car il semblerait que dans ce cas la fusion simplifiée ou la TUP soit impossible ?

    Merci d’avance.

    1. Bonjour,

      Pour qu’il y ait transmission universelle de patrimoine, il faut que toutes les parts sociales ou actions de la société soient détenues par un seul associé personne morale.
      La fusion simplifiée est le fait pour une société d’absorber une de ses entités qu’elle contrôle à au moins 90%. Le contrôle doit être à 100% si l’une des parties à la fusion est une SARL.
      Si je comprends bien votre demande, vous voulez effectuer une « fusion à l’envers », ce qui reviendrait à dire que la société fille « absorbe » la société mère. La TUP et la fusion simplifiée ne sont donc effectivement pas possibles.
      Cependant, des alternatives existent. Il est possible d’utiliser le mécanisme de la fusion absorption.
      Existe également la fusion par apport de titres : la fusion par apport de titres est différente de la fusion-absorption car la société absorbée n’est pas dissolue et garde sa personnalité morale. Dans ce cas, les parts de la société absorbée sont rémunérées par des parts de la société absorbante. En somme, c’est un échange de titres qui permet la prise de contrôle de la société absorbante sur l’absorbée.

      En espérant avoir pu vous être utile.

      Bien à vous.

  4. Bonjour, j’ai une société existante depuis novembre 2018, mon chiffre d’affaires a été nul durant toute l’année 2019 et ce jusqu’à aujourd’hui. Je souhaite fermer définitivement ma société mais je ne sais pas réellement quels termes conviendrait le mieux. Est-ce une dissolution et liquidation? Est-ce que je peux avoir uniquement recours à une liquidation directe étant donné que l’activité est à zéro et l’a toujours été? Et comment dois-je y procéder? Je sais que je dois publier une annonce légale mais qu’en est-il du greffe et de la banque? Dans quel ordre je suis complètement perdue! Merci par avance pour le temps que vous accorderez à ma demande. Cordialement

    1. Bonjour,

      La formalité que vous souhaitez faire est bien une dissolution-liquidation (il faudra faire les 2 formalités et ce même si vous n’avez jamais eu d’activité).
      De nombreuses formalités doivent être respectées. Elles sont détaillées ici : https://blog.legalvision.fr/2019/05/30/fermer-sa-societe-en-ligne-pas-cher/
      Au vu de la complexité de la démarche, il peut être préférable de se faire assister par des professionnels du droit : https://www.legalvision.fr/contactez-nous/

      Bien à vous.

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